Metropolis : at the Origin of Modern Urban Imagination / A la source de l’imaginaire urbain moderne

Urban shapes of Fritz Lang Metropolis/Les formes urbaines de Metropolis de Fritz Lang

Urban forms of Fritz Lang’s Metropolis/ Les formes urbaines de Metropolis de Fritz Lang

We announced here the  Cinematheque Française exhibition  from October 19, 2011 to January 29, 2012 about  Metropolis, the Fritz Lang’s film . On this occasion, the new version of the film, restored in 2010, will be shown to the public. This version  is 150 minutes long with the 30 minutes extra discovered in Buenos Aires in 2008, that had been removed from the original version. It is not possible to discuss this movie and the myth that has been forged along time without addressing  the question of  architecture and urban planning so spectacularly presented in the movie.   The City of New York was a major inspiration for the director  and Metropolis inspired many science fiction artists in Cinema, literature or comics.

L’annonce a déjà été faite ici de l’exposition que la Cinémathèque Française présente du 19 octobre 2011 au 29 janvier 2012 autour du film Metropolis de Fritz Lang. A cette occasion, une nouvelle version de ce film, restaurée en 2010, est proposée au public à partir d’une copie complète de 150 minutes découverte à Buenos-Aires en 2008, qui permet ainsi de découvrir les 30 minutes que la version expurgée avait supprimées. On ne peut pas évoquer ce film et la « fabrique de son mythe », sans aborder la façon dont les images et l’architecture de la ville du futur imaginée par Fritz Lang, ont été mises en scène dans ce film. La ville de New-York fut une source d’inspiration majeure du cinéaste pour cette œuvre, tout comme elle le resta pour de nombreux films et artistes de science fiction qui revendiquèrent leur héritage de Metropolis.

English Français Reference

English.

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Français
Avec M le Maudit, Le Docteur Mabuse, ou encore Les espions, Metropolis reste l’un des films les plus connus et les plus commentés de Fritz Lang, considéré comme l’un des chefs de file du cinéma expressionniste allemand. Tourné entre 1925 et 1926 dans trois des plus grands studios de Neubabelsberg, dans la banlieue de Berlin, Metropolis est une œuvre mythique, d’abord par les dimensions du film lui-même, son tournage, le nombre de ses figurants et les trouvailles dont firent preuve les équipes de techniciens. Ce fut le film de tous les excès : 311 jours et 60 nuits de tournage, 8 acteurs principaux, 750 acteurs secondaires, près de 25 000 figurants et un budget de 6 millions de marks.

Ridley Scott "Blade Runner" and Luc Besson "Le Cinquième Elément"/ "Blade Runner" de Ridley Scott et "Le Cinquième Elément" de Luc Besson

Ridley Scott « Blade Runner » and Luc Besson « Le Cinquième Elément »/ « Blade Runner » de Ridley Scott et « Le Cinquième Elément » de Luc Besson

La Cinémathèque Française détient une collection unique au monde, qui permet aux visiteurs de cette exposition de (re)découvrir ce film, en parcourant une suite de couloirs et de salles peintes en noir et gris, les teintes du film, et ayant comme thèmes les lieux principaux de l’œuvre. Accompagnés par des extraits de la musique originale de G. Huppertz, on peut ainsi découvrir des dizaines de photographies originales du film et des plateaux de tournage ainsi que des dessins originaux des décorateurs Erich Kettelhut et Otto Hunte. Le robot androïde endossé pour le tournage par l’actrice Brigitte Helm qui joue aussi le personnage de Maria, a été reconstitué par W. Schulze-Mittendorff. Il est présenté derrière un tissu à moitié-transparent sur lequel sont projetées les images des cercles lumineux mouvants, qui reconstituent les effets spéciaux du film.

Métropolis est une œuvre mythique autant  par son scénario (voir Wikipedia)  et par sa mise en scène que par ses effets spéciaux. Elle est considérée comme une référence pour le genre de la science fiction au point de constituer une « matrice des villes du futur », à laquelle de nombreux réalisateurs et dessinateurs revendiquent leurs emprunts: Ridley Scott dans Blade Runner (même si ce film est inspiré du roman de Philip K. Dick Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? paru en 1966), Richard Fleischer dans Soleil vert, Terry Gilliam dans Brazil, George Luckas dans Star Wars (surtout avec l’androïde Z-6PO), Luc Besson dans Le Cinquième élément, ou plus discrètement Alan Parker dans The Wall.

Schuitten and Peeters "Les Cités obscures"/ Les Cités Obscures de Schuiten et Peeters

Les Cités Obscures de Schuiten et Peeters

Metropolis eut aussi une influence forte sur la bande dessinée, notamment auprès des inventeurs de Batman, héros de bande dessinée inventée en 1939 puis des divers réalisateurs qui l’adaptèrent au cinéma en y reconstituant la ville de Gotham City, de Schuiten et Peeters dans les albums de la série Les Cités obscures, ou encore d’Enki Bilal dans son œuvre graphique et dans  l’adaptation au cinéma,  Immortel ad vitam, qu’il en a récemment tiré, pour n’en citer que quelques uns.

L’image de la ville dont s’inspire Metropolis fut largement alimentée par New-York qui fut, pour Fritz Lang, le symbole même de la ville du futur, surtout le quartier de Manhattan, avec ses buildings, ses réseaux de rues et ses voies ferrées et de métro aériennes. Il est intéressant de rapprocher les images de New York et celles de Metropolis de l’imagerie de la ville américaine des années 20 dont le site The Skyscraper Museum fournit de nombreuses illustrations représentatives des tendances urbanistiques et architecturales de la ville du futur. Dès 1908, Moses King publia « King’s Dream of New York », qui décrit ce à quoi pourrait ressembler la ville dans le futur. Illustrée par Harry Pettit, l’ouvrage imagine un futur fantastique où la ville est parcourue par plusieurs niveaux de routes, d’autoroutes, de voies ferrées et de passerelles pour piétons. La même année, William R. Leigh, publie « Great City of the Future »dont l’imagerie ressemble de très près à celle de Moses King.

Moses King "King's Dream of New-York", 1908 and William R. Leigh  "Great City of the Future", 1908/ "King's Dream of New-York" de Moses King, 1908 et "Great City of the Future" de  William R. Leigh, 1908

Moses King « King’s Dream of New-York », 1908 and William R. Leigh « Great City of the Future », 1908

En 1929, le Regional Plan Association publia son premier Regional Plan for New York and Its Environs. Ce plan,  sorte de schéma directeur d’urbanisme pour la ville du futur, proposait de démolir plusieurs quartiers et de les remplacer par un grand corridor le long de Chrystie-Forsyth, conçu pour maximiser la lumière et l’air en incorporant des immeubles de bas niveau, des parcs, et des espaces adaptés entre les gratte-ciels de style art déco.

Chrystie-Forsyth Parkway and its skyscrapes Art Deco style, 1929/ Le Chrystie-Forsyth Parkway et ses gratte-ciels art déco, 1929 (source : www.nottingham.ac.uk)

Chrystie-Forsyth Parkway and its skyscrapers Art Deco style, 1929/ Le Chrystie-Forsyth Parkway et ses gratte-ciels art déco, 1929 (source : http://www.nottingham.ac.uk)

Mais tous ces projets furent brutalement interrompus et ne virent jamais le jour en raison du krach de 1929. On peut retrouver entre autres sur les trois sites Web suivants, de nombreuses illustrations de ce qu’aurait pu ou dû devenir être New York dès la fin des années 20 ( Partie 1,  Partie 2,  Partie 3).

On voit ainsi que le thème et les décors de Metropolis ne furent pas totalement inventés par Fritz Lang mais que celui-ci fut largement inspiré par les tendances architecturales des années 20, date à laquelle New-York devint un immense laboratoire à ciel ouvert pour cette ville du futur.

Dans les autres emprunts de Metropolis, il faut aussi citer l’œuvre d’Antonio Sant’Elia (1888-1916), architecte italien, rattaché au mouvement futuriste e tinventeur de la Città Nuova, lui-même très marqué par l’architecture américaine et qui cosigna en 1914 le « Manifeste de l’architecture futuriste« . Le thème de la ville du futur sera d’ailleurs repris par Fritz Lang dans un autre de ses films, M, réalisé en 1931, y compris d’une façon cartographique et dont une présentation a déjà été faite sur le présent site.

Antonio Sant'Elia "Città Nuova"/ "Città Nuova" de Antonio Sant'Elia

Antonio Sant’Elia « Città Nuova »/ « Città Nuova » de Antonio Sant’Elia

Objet emblématique du cinéma – le film fait d’ailleurs partie du Registre international « Mémoire du monde » de l’UNESCOMetropolis est aussi mythique par le nombre de ses versions. Le film fut présenté pour la première fois le 10 janvier 1927 à Berlin dans sa version originelle (153 min), puis en France dans une version expurgée, réduite d’une trentaine de minutes. Bien que défendu par l’avant-garde, Luis Buñuel et une partie de la presse intellectuelle française, Metropolis rencontra à sa sortie, un échec auprès du public et de nombreux critiques.

C’est avec le sens que Roland Barthes a donné à la notion du mythe qu’il est intéressant d’établir un rapprochement entre le film de Fritz Lang et les figures modernes de la mythologie. Metropolis est un objet qui concentre à lui seul et véhicule de façon durable un ensemble de valeurs, de signifiants, de signifiés, de symboles, et « transforme un sens en forme » pour devenir porteur d’une esthétique et d’images ayant dépassé l’inventeur de l’objet et l’actualité qui la fit naître. Metropolis a fait naître au cinéma l’image mythique de la ville moderne et du futur, en même temps que celle qui réunit en un même lieu mais de façon stratifiée, les couches des puissants, des patrons et des dominants en hauteur, celles des pauvres, des ouvriers et des opprimés dans les caves et les souterrains, sorte de mise en scène de la théorie de la division de la société en classes, aux objectifs et aux destins radicalement opposés. Comment ne pas penser ici au cinéma de Sergueï Eisenstien… qui travailla en 1924 à la version russe du Docteur Mabuse de Fritz Lang.

Metropolis fut produit par l’UFA (Universum Film AG), l’une des sociétés de production les plus importantes dans les années 20 et 30 en Allemagne, crée en 1917, utilisée par la républiques de Weimar entre 1919 et 1933 dans un but de propagande politique et militaire, avant d’être reprise dans ce même but par le régime national-socialiste. C’est parce qu’il pressentit le potentiel de détournement esthétique et symbolique du film de Fritz Lang que Joseph Goebbels lui proposa, peu de temps après la sortie du film, de devenir l’un des cinéastes du 3ème Reich et de son puissant système de propagande. Après avoir vu Metropolis, Goebbels cru voir dans le cinéma de Lang l’un des vecteurs possibles d’une culture de masse entièrement construite autour des valeurs et de l’esthétique nazies… ce que le réalisateur refusa. Il décida alors de s’exiler aux Etats-Unis et en garda pour son film un sentiment mélangé, hésitant entre revendication et rejet.

Addendum : Comme le remarque Bertrand Pleven dans Libération (Metropolis, debout entre Babel et Manhattan) Metropolis met aussi en œuvre un dispositif spatial original avec sa mégalopole divisée en deux parties : la ville haute, où vivent les nantis et la ville basse où sont relégués les travailleurs qui la font fonctionner. Il s’agit de la vue en coupe, ici à la fois sociale et topographique, que nous ajoutons à ceux déjà inventoriés dans (E)space & Fiction. (TJ)


Reference/Référence

  • Work Title/Titre de l’œuvre: Metropolis
  • Author/Auteur : Fritz Lang
  • Year/Année : 1927
  • Field/Domaine : Cinema
  • Type  : Drama
  • Edition/Production : Erich Pommer/UFA (Universum-Film), Berlin
  • Language/Langue : Mute film/ German pages
  • Geographical location/localisation géographique : #New-York
  • Remarks/Notes :
    • Machinery/Dispositif : Special effects / Effets spéciaux. Profile/Coupe, Modèles/Maquettes
    • Location in work/localisation dans l’œuvre  : None/ Sans objet
    • Geographical location/localisation géographique : 
    • Remarks/Notes : Various special effects to give the impression of wide spaces and great height buildings /Divers effets spéciaux pour donner l’impression de larges espaces et d’immeubles de grande hauteur

6 réflexions sur “Metropolis : at the Origin of Modern Urban Imagination / A la source de l’imaginaire urbain moderne

  1. Pingback: "Brazil" : /"Brazil", | (e)space & fiction

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  3. Le 7 novembre 2011 à 19h à la Cinémathèque française, Thierry Paquot (éditeur de la revue Urbanisme et auteur de nombreux ouvrages, dont « La ville au cinéma, une encyclopédie ») évoquera Metropolis et son influence, tant architecturale que cinématographique. Une conférence suivie de la projection de « La Vie future » de William Cameron Menzies !
    http://www.cinematheque.fr/fr/dans-salles/rencontres-conferences/conferences/conferences-cinematheque/fiche-manifestation/metropolis-matrice-villes-futur,13442.html

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  5. C’est à ce genre de manifestation qu’on peut constater que Metropolis est vraiment devenu un mythe, lorsqu’il est réutilisé pour tout et n’importe quoi :

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